En remontant le Sungai Mahakam


Organiser sur place une visite interessante de Bornéo – ou du moins d’une infime partie de la troisième plus grande île au monde – nous a paru très compliqué. Nous aurions dû prendre beaucoup de temps ici pour l’organisation et séparer en petites visites avec beaucoup de routes fastidieuses entre chaque tronçon intéressant.

Nous sommes donc

passé par une agence locale tenue par un hollandais vivant ici depuis très longtemps et qui nous a organisé huit jours de visite du Kalimatan. En gros sur la carte, l’idée est de partir de Samiradan à quatre-vingt kilomètres au nord de Balikpapan où nous avons atteri à Bornéo, de s’enfoncer dans l’île en suivant le fleuve Mahakam sur environ deux cents cinquante kilomètres, puis de remonter en voiture dans la forêt jusqu’à la ville de Tanjung Redeb dans le district de Berau à environ trois cents kilomètre au nord. Le tout en huit jours.

Mardi 15 juillet

Le guide vient nous chercher à l’hôtel pour aller en voiture à Samarinda. Nous voyons tout de suite que notre groupe est un peu particulier. Ils ont l’habitude d’avoir des couples et non des familles. Il faut donc prendre une deuxième voiture pour les sacs. Détail vite réglé. Route vers le nord, combines asiatiques typique, le chauffeur fait juste le plein qu’il faut et les villages autour des stations service sont pleins de petits commerces qui vendent essence et diesel (solar en indonésien) au litre et évitent de faire la queue à la station.
Arrivé au bateau, nous rencontrons le patron de l’agence de voyage qui nous organise la visite. Un hollandais qui me dit qu’il retourne rarement au pays, la dernière fois était en… 2001. Autant dire qu’il est ici chez lui.
A nouveau, surprise de voir notre petit groupe… « qu’est ce qui vous prend de venir ici? il a pas de touristes normalement! ».
Que répondre à cela?
  • Déjà qu’être à une place où on nous pose cette question mérite déjà le voyage! 
  • Ou alors avouer que le nom de Bornéo évoque en moi quelques rêves d’enfance. Si je me trompe pas une vielle pièce de théatre « au théatre ce soir » vue dans mon enfance illustrait Michel Roux en ancien aventurier sensé revenir d’ici. (un sugus au premier qui me trouve le nom de la pièce en commentaire sur ce blog)
  • En bien sur plus tristement, la disparition du bâlois Bruno Manser il y a vingt ans (à vérifier) est encore dans les mémoires.
Le bâteau, hotel particulier, maison flottante se met en route pour un voyage de 15 heures. La table est magnifique. A bord, outre le guide, le capitaine, son équipier, la cuisinière et son fils… Tout le monde pour nous, pas l’habitude de ce confort, mais c’est bien agréable.
Le bateau – de quinze mètres de long – à deux étages,  au niveau de l’eau, le poste de pilotage. La salle à manger avec une grande table déjà prête pour nous accueillir, le moteur, la cuisine et les toilettes douches. En haut, une chambre climatisée avec quatre matelats.
 
La première partie du voyage est très industrielle. Si on s’attendait à voir les ravages des cultures de palme, ici c’est visiblement la prospection charbonnière qui domine. De très nombreux tapis roulant arrivant de jusqu’à trente kilomètres dans les terres déversent leur charbon dans des énormes barges pouvant contenir 4000 tonnes de minerai. Celles-ci sont tirées par des remorqueurs dignes de la haute mer et remonte ou descendent le fleuve, à plein ou à vide.
Un arrêt dans la très jolie petite ville de Tenggarong pour se dégourdir les jambes. J’ai rarement vu une ville si bien entrenue en Asie. Tous les trottoirs sont en parfait état, des jolies fleurs et arbustres en bord de fleuves, mais aussi des abords de maisons partout bien soignés. C’est en partie un reste d’une période ambitieuse de cette ville qui rêvait de devenir un centre touristique avec un parc d’attraction il y a dix ans. Tout le rêve c’est effondré au propre et au figuré en 2011 quand le grand pont suspendu construit en 2001 sur le modèle du Golden Gate c’est écroulé. Faisant trente-huit morts, une grand scandale de corruption est ressorti des tiroirs.
Nous reprenons la navigation au coucher du soleil, puis première nuit à bord.

Mecredi 16 juillet

Le bateau arrive à sa première destination au petit matin. Le village de Jantur Selatan est appelé le village de bois.
Nous commencons la journée par un tour de celui-ci. Pour se protéger des crues, le village est sur pilotis terrestres à huit mètres du niveau actuel du fleuve. Les rues et les maisons sont en bois. Tout est à nouveau très bien tenu, propre et soigné… si on oublie que le sol sous les maisons est une décheterie permanente, attendant que la prochaine crue vienne tout emporter à la mer.
 
Le bateau restera là pendant la journée et nous embarquons sur un long-tail-boat pour une excursion de sept heures le long de d’affluent de « notre fleuve ». Rivières, lacs, marais, rizière et forêt se succèdent. Nous appercevons quelques singes, oiseaux pécheur et rapaces, ainsi qu’un cobra et un python laissant passer la journée pendant de longues siestes au soleil.
 
 
 
Le but de l’excursion est un village traditionel qui possède encore une « Lamin », une long house vielle de 250 ans où une grande partie du village vivait réuni jusqu’en 1969. A l’époque il y avait encore des guerres entre les sept clans de cette tribus. Maintenant que l’époque moderne a apaisé ces luttes ancestrales, chaque famille habite dans sa propres petite maison. La long-house est gardée à fin culturelle et touristique, rénovée il y a vingt-six ans, elle est vraiment l’attrait de la région. Nous avons aussi eu le droit d’assister à un spectacle de danses traditionelles, forcément artificielle dans la présentation qui nous en faite, mais très sympathique. Le spectacle commence avec l’accueil au portique du village où nous nous devons dire si nous venons en « bonne ou mauvaise nouvelle ». 
Si on a bien répondu, on nous donne la machette permettant de couper la corde symbolique permettant de franchir l’entrée; puis assister à la série de danse finissant par un échange réciproque de marque de lait de riz sur le visage entre les habitants du village et nous. 
  
Et si on répond mal à la question…. En bien on ne sait pas ce qui se passe.
On redescend la rivière par le même trajet, alternant belle lumière d’après midi et orage bienfaiteur, pour rejoindre le bateau maison qui reprend la route pour la nuit. 
   
Il arrivera vers deux heures du matin au prochain village où il restera pour deux nuits.
 
A suivre : Les animaux de la Mahakam
 

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